Nubian women – studies on their past, their lives now, and a drive for a better future

In the end of 2018, the editorial team of Dotawo proudly announced its fifth volume, this time on the topic: “Nubian women”.

I have not written on it from here, because  its appearance coincided with a rather silent period for this blog. But now the time seems more ripe to say a couple of words, not only about this volume, but also for its relevance for today’s situation in Sudan.

Let’s begin with something medieval: The only contribution about women in Christian Nubia was the publication of “An Old Nubian Letter from the Daughter of an Eparch” authored by Vincent van Gerven Oei and myself.

The text offered insights to various interesting aspects of the Old Nubian language and the Makuritan society and underlined the important role that at least some women played in Medieval Nubia.

Special aspects of this role were underlined in Ruffini’s publication on Medieval Nubian Economy, but there with focus on gendered texts of ritual power (see p. 227).

Moving on with the contents of Dotawo #5:

It should be underlined that for the first time our journal moved so much out of its comfort zone in the Arts and Humanities and into Social Sciences and Anthropology. We hope that our readers see this as a promising innovation; for us it is a promise to make social sciences more present in the Dotawo publications.

Finally, about the topic itself: several voices have lamented the absence of gender studies from Nubiology and the volume aimed at covering this gap. The reasons for this situation are of course linked with the discipline’s focus on archaeology and textual studies, the choices by the individual researchers, the fear of touching upon social issues that have been very thorny, especially since the mid-nineties and the change of the regime’s attitude towards women, a regime under the auspices of which the current generation of Nubiologists have learnt to live and work.

But now things have changed and the hidden world of Sudanese women has come to the forefront of the public sphere, changing in fact the political character of Sudan. Their voice can no longer be silenced. Alaa SalahMaha Suleiman and many others showed this clearly to the world of media, and this blog does not have the ambition of adding much to this part of the story. Although much can be said in other venues about the role of women in maintaining alive traditional singing, rime-composing, mnemotechnics of orality, and thence family, neighbourhood, tribal and social cohesion…

Here, I’d just like to add a voice to the apprehension that women of Sudan, of Nubian or other origins, can no longer be ignored (just as there cannot be ignored critics underlining the perpetuation of their role in Islamic Sudan through the imagery promoted by precisely such figures like Alaa Salah).

Interestingly, women in Sudan seem that they were never ignored: They always played a very special role in the Sudanese society, one that is perhaps not the norm for how women in Islam are seen more generally. They have kept alive traditions and folk tales; they use dialects, idiolects and sociolects that are worth closer study, recording and preservation; they have been running the domestic logistics in almost all households in modern Sudan; they know how to tackle difficult times, how to work under pressure, how to care for the sick, how to support the community; they have never stopped being active in the professional sphere either, and thus they were the majority of employees at the University of Khartoum when I was living in the town. And as so many saw, realised, recognised and appraised, they lead at least parts of the revolution that has toppled the Beshir-Regime, but is still demonstrating for justice, demanding democracy, craving peace and dreaming of prosperity.

So, in order to add some volume to the voices that still chant for freedom, equality and comradeship outside the army headquarters of Khartoum and in all the country, I give the floor to a new voice in this blog, Sandra Bartmann who wishes to share in her language (French) how she lived from afar the adventures of her local friend and colleague, Iman, from the days they were both employees at the French Cultural Center in Khartoum:

Le dimanche 7 avril 2019, Iman devait commencer un nouveau travail à Khartoum, après une vie passée au service de la diplomatie française. On s’était rencontrées 14 ans plus tôt, alors que j’étais volontaire au Soudan, une expérience d’une richesse inoubliable en grande partie grâce à son amitié. Nous ne nous sommes jamais revues, mais nous avons gardé un contact régulier et plein de nostalgie pour ces deux années passées à partager le même bureau.
Quand Iman m’a annoncé courant mars qu’elle quittait son poste pour un nouvel emploi, je me suis demandée comment nos anciens collègues allaient survivre sans leur ange gardien. C’était étrangement déstabilisant pour moi d’imaginer que sa longue silhouette calme et apaisante n’arpenterait plus les couloirs de mes souvenirs. C’était pour elle une petite révolution, et j’écoutais le récit de sa prise de décision avec une pointe d’admiration.
“Avec ce nouveau travail, je vais enfin pourvoir m’acheter une voiture !” m’avait-elle écrit. Imaginer Iman conduire dans les rues de Khartoum me faisait à peu près le même effet que de visualiser la Vierge Marie pilotant un hélicoptère. J’avais hâte de suivre la suite de cette aventure.

Le 7 avril, donc, une nouvelle vie devait commencer pour Iman. J’ai beaucoup pensé à elle ce jour-là, d’autant qu’en France, le Soudan sortait enfin depuis quelques semaines de son inexplicable inexistence médiatique.
Mais Iman n’a jamais pu atteindre son bureau. Il est situé dans le quartier des militaires, où les manifestants qui réclament le départ du président Omar Al-Bachir se réunissent plus nombreux chaque jour depuis plusieurs semaines. Ce matin-là, elle a été accueillie comme beaucoup d’autres par des tirs visant la foule.
Au moment où elle me raconte ça sur Messenger, le fossé entre ma joie naïve d’imaginer son premier jour de travail et la réalité s’ouvre sous mes pieds. Peu m’importe alors de comprendre qui sont les protagonistes de l’événement et ce qu’il signifie : Iman va bien, elle a pu rentrer chez elle à Omdurman, c’est tout ce qui compte.
La connexion est mauvaise. On se retrouve sur WhatsApp au bout de quelques minutes, et pour un temps, on élude le sujet de l’atmosphère à Khartoum pour reparler de nos souvenirs et échanger des nouvelles de nos connaissances communes. Je comprends qu’elle n’est pas seule derrière son écran, elle montre nos échanges à sa petite sœur dont elle me transmet les commentaires enthousiastes. C’est une conversation joyeuse, on en oublierait presque à quel point nos contextes sont différents. On conclut gaiement en se disant qu’elle me tiendra au courant de son nouvel emploi, et qu’il faudrait que je revienne la voir un jour à Khartoum, quand la situation au Soudan sera stabilisée.

A partir de ce jour, un petit feuilleton quotidien se met en place sur la messagerie autour de cette intrigue particulièrement riche en suspense : quand Iman parviendra-t-elle enfin à vivre son premier jour de travail ?

Lundi 8 avril, 2ème épisode.
Ce matin à nouveau, Iman n’a pas pu atteindre son bureau. Un groupe WhatsApp a été créé pour que ses nouveaux collègues puissent se tenir informés de la situation. Cela lui évite se lever pour rien à 6h du matin pour prendre un bus qui peut mettre plus de deux heures à franchir le pont qui relie Omdurman à Khartoum. Elle a l’air très frustrée de ne toujours pas pouvoir se présenter sur son lieu de travail. J’ai l’impression que pour elle, le fait qu’il existe un vrai danger à s’entêter passe bien après sa conscience professionnelle.

Mardi 9 avril, 3ème épisode.
Iman n’ira encore pas au bureau aujourd’hui. “La situation s’aggrave devant et à l’intérieur du Quartier Général”, me dit-elle.
Pour la première fois, je la sens vraiment inquiète.
Elle m’explique que les manifestants sont de moins en moins en sécurité parce que l’armée est en train de changer de camp. Sa nièce de 23 ans fait partie des manifestants, ce qui cause autant de fierté que d’angoisse au reste de sa famille. Derrière mon écran, je ne sais pas quoi dire. La situation est difficile à imaginer pour moi, et tout ce que je réponds me paraît maladroit. Mourir pour des idées, d’accord, mais pas mon amie ni les gens qui lui sont chers.
Iman reparle de la voiture qu’elle rêve de s’acheter et la conversation prend un tour plus léger. Elle plaisante en disant qu’une de ses amies lui a souhaité de trouver un mari parmi ses nouveaux collègues, mais que pour ça il faudrait déjà qu’elle parvienne à aller travailler. La logique implacable de cette remarque me fait rire, enfin une motivation valable ! Je suis sûre qu’Iman rit aussi quand elle clôt le sujet “Je crois que je vais profiter de ma liberté jusqu’au bout : pas de mariage, pas de responsabilités !”

Mercredi 10 avril, 4ème épisode
Le nouvel employeur d’Iman a été contraint d’ouvrir des bureaux provisoires dans un hôtel loin du centre, mais on conseille toujours à la plupart des salariés de rester chez eux. Elle m’explique que l’armée change sans cesse de position et que c’est ce qui crée la plus grande instabilité dans l’évolution du bras de fer entre la rue et le pouvoir. Elle m’envoie une vidéo où on voit des miliciens et des militaires au milieu de la foule, ça se bouscule beaucoup et on entend des tirs. Je ne suis pas sûre de comprendre ce que je vois, je n’arrive pas à regarder jusqu’au bout.
Iman dit qu’elle va profiter de ces vacances imposées pour commencer les leçons de conduite. “Beaucoup de mes amies conduisent, je me dis que je ne suis pas moins courageuse qu’elles !” Je n’en doute pas un seul instant. Le souvenir de mes propres premières tentatives d’apprivoiser un véhicule me revient, c’était avec un pick-up dans une zone désertique de Khartoum, justement, et c’était un véritable désastre.
On parle de cette incroyable photo de la jeune femme en tob blanc qui fait le tour du monde depuis quelques heures. Iman m’informe qu’elle est étudiante, et que les paroles du poème qu’elle déclame racontent l’histoire d’un jeune homme qui explique à sa mère pourquoi il est sorti manifester alors qu’elle le lui avait défendu. Je lui dis que cette photo me fait penser à “La liberté guidant le peuple” de Delacroix, et elle me répond, émue, “Oui, c’est notre Marianne”.
Ce soulèvement a créé une immense solidarité à Khartoum, dit-elle, “Tout le monde participe”. Elle m’envoie une photo devenue virale sur laquelle on voit un tout petit enfant qui marche d’un pas déterminé sous le soleil. C’est le sujet d’une blague pour les soudanais, qui disent qu’il a rejoint la mobilisation en demandant à sa mère de lui envoyer son biberon sur place.
Iman est convaincue que le peuple va gagner, qu’il n’y a pas d’autre option. Je lui réponds “Vous n’avez plus le choix de toute façon, tout le monde vous regarde !”.

Jeudi 11 avril, dernier épisode de la Saison 1.
A 8h35, Iman écrit : “On a gagné !”
Omar Al-Bachir a quitté le pouvoir, et les soudanais rivés à leurs télévisions attendent une annonce prévue d’une minute à l’autre, qui mettra en réalité de longues heures à arriver. Je demande : “et maintenant ?”
Pour Iman, la probabilité de la nomination d’un militaire de haut grade est déjà assez évidente, ce qui confirme ce que je lis dans la presse en ligne. Je sens dans ses paroles de la joie et de l’excitation, mais aussi un peu d’anxiété. “Pour éviter la colère du peuple, ça devra être un chef neutre”, dit-elle. Elle m’envoie la photo d’un homme imposant en uniforme, elle aimerait bien que ce soit lui. C’est un chef de la révolte du nord, à Atbara, que je ne connais pas.
L’annonce se fait attendre toute la journée et les heures passent dans une certaine tension. Depuis mon bureau marseillais, je suis rivée aux nouvelles et à mon téléphone en espérant des nouvelles d’Iman.
Vers 17h, elle reprend contact. La déception est à la hauteur de l’espoir : c’est le Ministre de la Défense de Bachir qui s’est imposé. Couvre-feu, interdiction de poursuivre la mobilisation. On ne sait pas de quoi la soirée sera faite. “La colère est immense”, écrit-elle.

Vendredi 12 avril, premier épisode de la Saison 2.
Après une nouvelle nuit de mobilisation sous haute tension, Iman m’annonce que le Ministre de la Défense a finalement démissionné.
“Ils ont nommé un militaire honnête”, dit-elle, “c’est un bon début”.
J’ai arrêté de suivre les nouvelles depuis nos échanges de la veille, je n’étais pas au courant. Je partage sa joie, même si personne ne sait encore à ce stade de quoi exactement il faut se réjouir. Pour le moment, le fait éclatant que la colère et le courage d’un peuple peut encore l’emporter suffit amplement.
Notre échange est bref, comme gagné par l’épuisement. C’est simplement qu’on ne sait pas encore bien ce qu’on peut dire de plus.
“Je te laisse à ton week-end qui vient de commencer”, écrit Iman avant de disparaître. C’est une conclusion tellement banale pour la semaine qu’on vient de partager…
Pour moi, ce week-end sera presque comme tous les autres.
Pour le Soudan, c’est le début d’une nouvelle ère à laquelle il va falloir trouver un nom.
Et pour mon amie, c’est au moins le commencement d’une nouvelle vie qui lui permettra peut-être un jour, Inch’Allah, de conduire dans les rues de la capitale d’un pays enfin libre.

 

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